CHAMPIAN FULTON & SCOTT HAMILTON
« THE THINGS WE DID LAST SUMMER » (BLAU RECORDS 2017)
CD enregistré lors d’un concert, le 1er avril 2017 au Espai de la Musica Mestre Vila à Benicàssim.
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La qualité technique de cet enregistrement en concert est bonne avec un positionnement correct des instruments dont les volumes sonores sont bien équilibrés.
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Dans la mesure où les titres choisis sont tous des standards dont la plupart issus du "Great American Songbook" on aurait aimé un livret plus détaillé avec au moins les noms des compositeurs et les années de parutions de ces œuvres.
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C’est le huitième album en une douzaine d’années de Champian FULTON âgée de 32 ans et c’est le premier où elle est associée à un musicien aussi expérimenté que peut l’être Scott HAMILTON de 30 ans son aîné, une sorte d’adoubement pourrait-on dire.
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L’album alterne des titres chantés et des instrumentaux permettant respectivement à chacun des deux artistes de prendre le leadership. On ressent l’adrénaline que la scène leur procure et le plaisir de jouer ensemble, c’est toujours mieux.
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Champian est-elle une pianiste qui chante ou une chanteuse qui s’accompagne au piano ? Difficile à dire. Elle possède une voix claire avec une bonne diction, un peu comme l’était celle de son idole Dinah WASHINGTON au début de sa carrière et son jeu de piano est aussi efficace en improvisation solo qu’en rythmique d’accompagnement de ses partenaires.
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Scott HAMILTON, toujours dans la tradition des grands anciens déroule son discours musical de main et de souffle de maître que ce soit pour des rythmes rapides ou des balades. On le sent très à l’aise ….
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« When your lover has gone »
Cette chanson écrite en 1931 par Einar Aaron SWAN pour le film « Blonde Crazy » a souvent été enregistrée par des
stars: Louis ARMSTRONG (1931), Billie HOLIDAY (1945), Ella FITZGERALD (1962).
Le tempo choisi est rapide par rapport aux interprétations des années 30, plus proche de celui d’Erroll GARNER des
années 60. Après l’exposé vocal du thème par Champian avec un contrechant discret du ténor elle improvise
largement, un peu à la manière d’Oscar PETERSON. A la moitié du morceau Scott prend le relais avec de belles phrases
swinguantes soutenues par une rythmique efficace: piano, basse, batterie. Champian conclut en chantant et même en
scattant brièvement.
2. « Black Velvet » (instrumental)
Ce très beau titre co-composé et enregistré le 6 avril 1949 par Illinois JACQUET (ts) et Jimmy MUNDY (ts et arrangeur
pour Benny GOODMAN, Count BASIE, Earl HINES …) permet à Scott de rendre longuement hommage (10 min) au premier
cité qui est l’un de ses inspirateurs tout en laissant à Champian assez d’espace pour un solo bien construit et quelques
breaks bien sentis.
3. « I cried for you »
Ecrit par Arthur FREED et Abe LYMAN qui l’enregistra avec son orchestre en 1923, ce standard a été reprit de
nombreuses fois (Mildred BAILEY, Teddy WILSON, Harry JAMES, Erroll GARNER, Count BASIE, Ray CHARLES...) avec des
tempos divers. Champian et Scott ont ici choisi un tempo très rapide. Champian expose le thème de sa voix claire
(presque enfantine) suivie par deux bonnes improvisations très swinguantes de saxophone et de piano. On entend pour
la première fois un solo assez banal du bassiste et Champian conclu avec la même verve.
4. « The things we did last summer » (instrumental)
La version la plus célèbre de ce morceau qui donne le nom à l’album, composée en 1946 par Sammy CAHN et Jule
STYNE fut interprétée par la chanteuse Jo STAFFORD la même année. Elle fut reprise en autres par Dean MARTIN,
Frank SINATRA, Nancy WILSON et Helen MERRILL...
C’est ici une version instrumentale qu’ils nous proposent, en tempo lent avec longue introduction langoureuse de Scott,
à la Ben WEBSTER très intéressante, suivie d’un solo de Champian qui rapidement laisse à nouveau la place à Scott
qui est ici le leader.
5. « Too marvelous for words »
Cette chanson composée en 1937 par Richard WHITING, paroles de Johnny MERCER fut notamment interprétée par Bing
CROSBY avec l’orchestre de Jimmy DORSEY (1937) mais aussi par Harry JAMES (1947), Oscar PETERSON Trio (1952),
Ella FITZGERALD (1954) et bien d’autres...
Introduction lente au piano par Champian autour du thème puis accélération du rythme pour la mélodie joliment chantée
et deux improvisations assez classiques du ténor et de la pianiste avec reprise finale du chant.
6. « My future just passed »
Encore une composition de Richard WHITING, d’abord chantée en 1927 par Annette HANSHAW (une de celles qu’on
appelait « torch singer»), reprise pour le film « Safety in Numbers » de 1930 et qui fut cette année là enregistrée par une
douzaine d’artistes différents et suivie par quelques autres dont Peggy LEE ou Shirley HORN.
Champian et Scott y installent une ambiance très blues. Le chant a des accents de Billie HOLIDAY avec contrechant
discret du ténor (on arrêtera là les comparaisons) qui ensuite improvise mélancoliquement tout comme Champian pour
le solo de piano suivant, avant la reprise du chant en conclusion.
7. « Runnin’ wild » (instrumental)
C’est dans le célèbre film « Some like it hot » (Certains l’aime chaud de Bill WILDER) de 1959 que cette chanson
interprétée par Marilyn MONROE et composée en 1922 par A.H. GIBBS fut révélée au grand public.
Duke ELLINGTON (1930), le Quintette du HOT CLUB de France (1937) ou le Teddy WILSON Quintet (1945) l’ont aussi
enregistrée parmi de nombreux autres.
Dans ce morceau nos deux solistes se lâchent, ça swingue bien en tempo rapide, bien soutenus par la basse et la
batterie. Vraisemblablement le meilleur de cet l’album à mon goût.
8. « The very thought of you »
C'est à Londres en 1934 que Ray NOBLE & his Orchestra (vocal Al BOWLLY) enregistra sa propre composition.
Luis RUSSELL (1946), Nat King COLE (1958) ou Frank SINATRA (1962) l’interprétèrent également.
Champian FULTON chante ce titre de conclusion avec une belle et expressive nonchalance, de cette voix claire et
juvénile qui, pourrait-on dire, sont ses caractéristique lyriques. Scott HAMILTON également très performant dans les
balades intervient fort à propos tant en accompagnement que dans un sensuel solo.
En conclusion, un bon album qui plaira aux amateurs et qui espérons le, puisqu’il est sorti en 2017,
pourra séduire de jeunes auditeurs et les amener à découvrir aussi les grands créateurs de cette musique.
Bernard JOUAN (JHCBA)