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ERROLL GARNER TRIO

« NIGHTCONCERT » 

Production par OCTAVE MUSIC - Label MAC AVENUE – MAC1142

On avait déjà eu la réédition en 2015 de l’intégrale du « CONCERT BY THE SEA » enregistré à Carmel (CA) le 19 sept.1955, avec un CD remarquablement remasterisé, puis le CD « READY TAKE ONE » sorti en 2016 regroupant 14 inédits de sessions studio enregistrées entre 1967 et 1971 dont six compositions inédites signées du pianiste. 

                   Et voici en juillet 2018 la sortie du CD « NIGHTCONCERT », avec un beau livret présentant les 16 titres                                   (dont la moitié de standards) enregistrés par PHILIPS au cours d’un concert à Amsterdam le 7 nov.1964,                      jamais encore édités aussi largement, provenant des archives personnelles du pianiste.

Pour situer l’ambiance, Erroll GARNER déclara après ce concert « J’ai commencé comme un étranger pour ce public et j’ai terminé comme un ami familier. C’est de cette façon que j’aime jouer le Jazz ».

A cette époque Erroll à 41 ans, il est à l’apogée de son art. Il est ici indéniablement accompagné par sa meilleure section rythmique. On sait qu’il ne jouait jamais deux fois un morceau de la même façon avec des introductions facétieuses, toujours renouvelées et ce soir là, la succession imprévue et spontanée des titres proposés surprit encore, autant ses accompagnateurs que les 2000 spectateurs présents et ses fidèles admirateurs le seront également à l’écoute des enregistrements.

 

1. « Where Or When » est une balade composée par ROGERS & HART en 1937 pour la comédie musicale « Babes in Arms » et interprétée par plus de 125 artistes différents allant de Nat King COLE à Ella FITZGERALD en passant par Art TATUM. GARNER la joue ici tout comme il le fit à Carmel sur un tempo très rapide (environ 240 bpm). Dans les deux cas l’introduction est totalement différente. La version du NIGHTCONCERT, avec des inflexions gospel et des références à « Down by the Riverside » est plus longue d’une minute avec une dernière partie où il improvise seul avant de reprendre le thème et de s’amuser avec son excellent batteur.

2. « Easy to Love » fut composée par Cole PORTER en 1934 pour le show « Anythings Goes » et modifiée en 1936 pour le film « Born to Dance ». Comme toutes les chansons du GREAT AMERICAN SONGBOOK elle fut interprétée par des dizaines d’artistes et utilisée plusieurs fois dans des films. GARNER introduit le thème par petits bouts dans son introduction puis démarre en tempo moyen mais ne résiste pas à l’envie d’accélérer et d’appliquer son swing si personnel.

3. « On Green Dolphin Street », à l’origine « Green Dolphin Street » fut composée en 1947 par Bronislaw KAPER et interprétée par le Jimmy DORSEY Orchestra pour le film du même nom. On compte environ 140 interprétations différentes de cette œuvre allant de Ahmad JAMAL à Monty ALEXANDER en passant par Miles DAVIS. Erroll GARNER l’a ajouté à son répertoire en 1963 lors d’une tournée en Angleterre. Il introduit ici ce  morceau comme si il s’agissait d’une œuvre totalement différente et du moins dans une tonalité différente puis se lance avec frénésie dans le thème. Sa main gauche oscille entre une sorte de vampirisation latine et un swing 4/4 râpeux. Son solo est un tour de force alternant des ralentissements et des accélérations comme une suite de flux et de reflux liquides remarquablement suivis par Kelly MARTIN

4. « Theme from –A New Kind of Love- (All Yours) » a été composée et enregistrée en 1963 par GARNER pour la bande son du film, avec grand orchestre style « jazz symphonique », exemple rare pour lui. Dans cette interprétation, le tempo est assez lent, il improvise tout en finesse avec des notes qui tombent délicatement comme des gouttes d’eau tandis que sa main gauche semble saupoudrer les accords.

5. « Night and Day » fut composée en 1932 par Cole PORTER pour la comédie musicale « Gay Divorce ». Elle fut jouée ou enregistrée par plus de 1000 artistes dont GARNER dès 1945 et notamment au CONCERT BY THE SEA. Bien évidemment il nous offre ici une version nouvelle avec introduction surprise suivie d’une interprétation globalement mambo latino.

6. « Cheek to Cheek » fut composée par Irving BERLIN en 1935 pour le film « Top Hat ». Elle fait partie du REAL BOOK des standards du jazz. Après une intro d’environ une minute nous laissant interrogatifs, GARNER enchaîne le thème sur un tempo très rapide avec un swing bondissant style Jump Kansas City et pas du tout latino comme ce fut le cas dans l’album « Up in Erroll’s Room » en 1968.

7. « My Funny Valentine », encore une chanson devenue un standard, composée en 1937 par RODGERS & HART pour la comédie musicale « Babes in Arms »GARNER l’ajouta à son répertoire lors du « Campus Concert » de 1962. C’est le plus long morceau du concert (8’20). Après une intro d’environ 2 min d’abord douce et rêveuse puis un staccato humoristique qui fait rire l’auditoire (du genre de ceux utilisés lorsqu’un personnage de dessin animé avance prudemment), GARNER lance le thème qu’il suit jusqu’à la fin et sur lequel il brode, chantonnant même. 

8. « Gypsy in my Soul » fut composée en 1937 par Clay BOLAND pour le spectacle « Mask and Wiz », à l’occasion du 50ème anniversaire de la Pennsylvania University. Elle fut enregistrée par une centaine de Jazzmen. Le trio swingue du début à la fin sur un tempo très rapide et termine un peu comme le ferait un big band. Ce morceau montre tout particulièrement les capacités imaginatives de GARNER en matière d’orchestration (Jimmy ROWLES l’avait surnommé « ORK »).

9. « That Amsterdam Swing » est une composition originale de GARNER qu’on peut imaginée dédiée à cette soirée et qui apparaît pour la première fois sur un disque. Au début de l’introduction on dirait presque qu’il est en train d’accorder le piano, puis il expose et développe le thème qui se termine façon blues débonnaire.

10. « Over the Rainbow » est une ballade composée en 1939 par Harold HARLEN pour le film « Le Magicien d’Oz ». Il en existe plus de mille interprétations. L’elfe GARNER est présent et joue ce morceau avec une grande sensibilité et sa légendaire fluidité, on le sent totalement pris par cette mélodie avec laquelle il ne fait qu’un.

11. « What is this Thing Called Love », à nouveau une œuvre de Cole PORTER composée en 1929 pour la comédie musicale « Wake Up and Dream ». C’est la sixième version enregistrée par GARNER de cette chanson. Une introduction style « Panthère Rose » suivie d’un court passage boogaloo mambo swing et c’est le jazz qui enchaîne jusqu’à une conclusion avec retour au slow mambo.

12. « Laura » fut composée par David RADSKIN pour le film noir du même nom de 1944. Devenue un standard du jazz elle fut enregistrée plus de 400 fois dont une douzaine par GARNER dès 1945. Son introduction est toujours assez courte pour cette ballade attendue par tout spectateur d’un de ses concerts. Elle est suivie par le thème célèbre tout en nuances. On est pas déçu, mais … on est jamais déçu par Erroll.

13. « When your Love has Gone » fut composée par Einar Aaron SWAN en 1931 et figure dans le film « Blonde Crazy » de la même année. C’est un 32 mesures que GARNER démarre en revenant à ses influences d’origines stride. Le swing est toujours là bien soutenu par la rythmique.

14. « No More Shadows » fut composée par GARNER en 1963. Son approche est ici plus classique en tempo lent avec des arpèges qu’on pourrait qualifier de « Chopinesques » … Moment de relaxation du concert.

15. « S’Wonderful », voici la célèbre chanson de GERSHWIN composé en 1927 pour la comédie musicale « Funny Face ». Egalement présente lors du CONCERT BY THE SEA mais plus concise. Après une très courte introduction, GARNER  la swingue ici magistralement, il vole ! Il est soutenu sans faille par l’énergique rythmique de ses compères.

16. « Thanks for the Memory », nous arrivons au terme de ce concert avec un courte version (moins d’une minute) de cette composition de 1938 de Ralph RAINGER pour le film du même nom. Et c’est ainsi que GARNER remercie le public du CONCERTGEBOUW. A notre tour de le remercier pour cette magnifique prestation et de remercier OCTAVE MUSIC pour la production d’un tel album.

 

Bien évidemment on ne peut que conseiller l’acquisition de ce CD.

                                                                                                                                                           Bernard Jouan (JHCBA)

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