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FLETCHER HENDERSON & HIS ORCHESTRA

"LES TROMPETTES DE FLETCHER 1923-1941" (FRÉMEAUX & ASSOCIÉS)

Quelques articles de presse consacrés à ce CD 

Un meneur d'hommes et des solistes entrés dans la légende du jazz» par Jazz Gazette

Les trompettes de Fletcher - 1923 - 1941/ Fletcher HENDERSON & His Orchestra" (Frémeaux & Associés) est un coffret de 3 cd qui rend hommage aussi bien à ce pianiste, chef d'orchestre, compositeur et arrangeur iconique et visionnaire, précurseur d'un style, le swing, qu'à quelques-uns de ses meilleurs et plus fameux trompettistes. Si ce travail conjoint de Laurent Verdeaux et Didier Périer est à classer dans la niche des niches en raison du sujet abordé très spécifique, il met en lumière une époque, un meneur d'hommes et des solistes entrés dans la légende du jazz.
1920, ce sont les fameuses "Roaring Twenties" ("années folles" en version française), années d'insouciance et de fêtes (avant le krach de 1929 !), allant jusqu'à la période 1940 et l'explosion du swing. Durant ces deux décennies,
Fletcher Henderson (1897 - 1952) dirige plusieurs groupes voire accompagne des chanteuses, comme Bessie Smith, Ma Raney ou Ethel Waters. Et au sein de ses différents petits et grands orchestres figurent des jazzmen en devenir à l'image notamment de Ben Webster, Coleman "Bean" Hawkins (saxe-ténor et saxophone basse dans certains enregistrements) et Thomas "Fats" Waller (piano). Mais surtout ces formations sont des pépinières pour pléthores de trompettistes devenus fameux grâce à leur esthétique instrumentale : Louis Armstrong, venu tout spécialement de La Nouvelle-Orléans, Rex Stewart, Roy Eldridge ou Henry "Red" Allen, parmi les plus connus. Chacun d'entre eux va marquer par son jeu, son attaque, sa richesse d'expression dans les choruses (juste quelques mesures en ce temps-là) et sa fougue sur des titres emblématiques du moment et sur ce qui reste encore de nos jours une ère bénie du jazz. Qui, curieusement, prendra fin avec la fin de la Seconde guerre mondiale !  »
Par Didier PENNEQUIN – JAZZ GAZETTE

Cette parution qui constitue un événement par Jazz-Dixie/Swing
Ces trois CD sont une belle réussite venant couronner un énorme travail. Laurent Verdeaux et l’ingénieur du son Didier Périer ont traité 71 morceaux enregistrés par Fletcher HENDERSON et son orchestre entre 1923 et 1941. Les moyens technologiques utilisés ont permis de mieux distinguer les instruments les uns des autres et de fournir un rendu à partir duquel il a été possible de restituer une image sonore au plus près de ce que devait projeter l’orchestre. Ce qui est remarquable, c’est que ce progrès dans la définition des timbres, la netteté des attaques, les intonations individuelles ne s’est pas fait, bien au contraire, au détriment de la cohérence et de l’homogénéité de l’ensemble qui gagne en impact et en brillant. C’est à la fois l’expression des solistes et le son global qui se trouvent régénérés. (…) Mais revenons à nos trompettes. Les principaux sont bien sûr Louis Armstrong, Joe Smith, Tommy Ladnier, Rex Stewart, Bobby Stark, Roy Eldridge, mais sont aussi présents Red Allen, Emmett Berry, Peanuts Holland, auxquels s’ajoutent Russell Smith, le frère de Joe, qui occupe la chaire de premier trompette de 1925 à 1934, Irving Randolph, la paire Elmer Chambers/Howard Scott qui, en 1923 et 1924, avant et pendant le passage d’Armstrong, firent le job avec efficacité, et six ou sept autres (dont Ray Nance) qu’on n’entend pas en solo, dans les enregistrements de 1936 à 1941. Les plus marquants sont à l’évidence Louis Armstrong, qui joua chez Fletcher en 24-25 ; (…) Il dynamise l’orchestre par son jeu hot et son swing, qui influencera l’expression musicale des autres solistes, notamment Coleman Hawkins, qui se met à développer un style spécifique pour le sax ténor. Lui aussi bénéficie de la clarté apportée par le traitement des docteurs Verdeaux & Périer. (…) C’est un vrai régal, et ceci est valable pour tous les morceaux, à des degrés divers en fonction des enregistrements d’origine, mais toujours avec un résultat convaincant. Notons que ces trois CDs comportent aussi des enregistrements avec des chanteuses (Ma Rainey, Bessie Smith, Trixie Smith, Clara Smith, Ethel Waters), accompagnées par de petites formations issues de l’orchestre de Fletcher, et bénéficiant du même traitement. Ajoutons enfin que les CDs sont livrés avec un livret de 24 pages, fort bien conçu et riche en informations, avec précisions sur le personnel, dates, etc., qui retrace l’histoire de l’orchestre de 1923 à 1941, et fournit une intéressante analyse de la personnalité de Fletcher Henderson. Ces trois CDs mériteraient certes un compte-rendu morceau par morceau, ainsi qu’une étude de tous les tandems de trompettes (notamment Rex Stewart/Bobby Stark), mais le cadre de cette chronique ne le permet pas. En tous cas, leur parution constitue un événement, et on n’a pas fini d’en parler. Bravo aux initiateurs et réalisateurs de ce projet, et à Frémeaux qui en a permis la concrétisation. Voici une acquisition obligatoire pour tous les amateurs de cette musique. 
Par Michel MARCHETEAU – JAZZ-DIXIE/SWING

Tout un pan d'histoire indispensable à la connaissance du jazz » par Jazz Hot
Bonne façon d'aborder une réédition. On pourrait aussi envisager les clarinettes de Jelly Roll, etc. Mais de nos jours de tels projets ne sont pas évidents. Pour celui-ci, Frémeaux & Associés a voulu une prévente par souscription qui lui évite de prendre des risques. Le problème est que les amateurs de jazz ont progressivement été remplacés par des consommateurs de «nouveautés». Le passé fait peur. Et, pour les hommages, on préfère inventer à partir du présent plutôt que de regarder le passé en face. (…) L'idée était justement de présenter ces perles du XXe siècle au meilleur niveau technique à partir de disques en bon état (Didier Périer, au son). Les amateurs de jazz chevronnés connaissent tous ces enregistrements. Autre bon point, contrairement aux choses «postées» sur YouTube vierges de tout renseignement (destruction en règle des contributions d'Hugues Panassié, Charles Delaunay, Brian Rust, Tom Lord, etc.), nous avons ici, dans le livret, tout ce qui doit y figurer: nom de l'orchestre, personnel, date et lieu d'enregistrement, titre, label, matrice, nom des solistes, nom de l'arrangeur, un nota bene pour un point de vue. Ça, c'est du travail! La sélection des titres (Laurent Verdeaux, aux choix) n'appelle pas de vraies critiques. (…) Comme Jelly Roll Morton, Fletcher HENDERSON (1897-1952), bon pianiste, est essentiel à l'histoire du grand orchestre de jazz et à l'art de l'arrangement. Aujourd'hui, ces deux maîtres sont regrettablement effacés par Duke Ellington. Issu de la bourgeoisie, Fletcher HENDERSON était mis au même niveau que Duke par les intellectuels de la Harlem Renaissance. Son orchestre après le passage de Louis Armstrong en son sein est progressivement devenu le terrain de lancement de prototypes et de références spécifiquement jazz de la trompette, du trombone (Jimmy Harrison, Benny Morton), du saxophone (Coleman Hawkins), de l'arrangement (Don Redman, Benny Carter, Fletcher lui-même). Sociologiquement, c'est aussi intéressant, car il démontre que le jazz ne s'est pas fait en un jour. Qu'il y avait une différence de culture instrumentale entre les musiciens de New York qui ont une solide formation en technique musicale européenne avec ses raideurs solfégiques et les gens du Sud qui ont une approche «lazy» de la mise en place rythmique. De ce fait, il n'est pas légitime de dire que Fletcher HENDERSON était «commercial» ou «imitait Paul Whiteman» dans ses premières faces orchestrales. Ils n'étaient tout simplement pas encore «jazz». C'est bien d'avoir sélectionné des disques d'hendersoniens accompagnant les chanteuses de blues. On ne dira pas suffisamment combien ce fut l'école hot et swing pour les instrumentistes par mimétisme du chant. (…) Tout un pan d'histoire indispensable à la connaissance du jazz. »
Par Michel LAPLACE – JAZZ HOT

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