CLAUDE TISSENDIER
"NEW SAXOMANIA" (auto-production 2020)
Le retour du saxophoniste alto-clarinettiste en saxophoniste soprano. Après « Saxomania », et les rencontres avec Benny Carter, Phil Woods, Teddy Edwards et quelques autres, Claude TISSENDIER nous offre une entreprise singulière : des compositions des grandes figures du jazz des années 50-60 (Oliver Nelson, Miles Davis, Horace Silver), et des standards de la fin des années 40 magnifiés par la décennie suivante (Early Autumn, On Green Dolphin Street) : le tout traité dans un style qui est plutôt celui des décennies antérieures. Avec en prime le conclusif After You've Gone, historique standard adulé par le middle jazz. Et le choix est des plus concluants. Instrumentation singulière et beaux arrangements, c'est frais, vif et pertinent, avec des solistes qui sont des compagnons de route de cette esthétique, et qui manifestement se régalent. Et cela m'a réjoui autant que le firent naguère les trublions de « l’Anachronic Jazz Band » en passant à la moulinette « vieux style » les standards du bop. Joli clin d'œil à la passion intemporelle du jazz, et réjouissant pied de nez aux amateurs de cloisons stylistiques étanches : BRAVO !
Xavier Prévost
Les amateurs se souviennent de la parution, en 1986, de l’album « Tribute To John Kirby » qui rassemblait des transcriptions d’enregistrements originaux du répertoire de John Kirby relevées par Claude TISSENDIER. Un an plus tard, ce dernier montait « Saxomania », une formation constituée de deux saxophones alto et ténor et d’une section rythmique.
Cet ensemble se démarquait du groupe « Supersax », célèbre à l’époque pour ses transcriptions harmonisées de solos de Charlie Parker, puisque les différents intervenants pouvaient improviser en toute liberté. Là aussi le succès fut au rendez-vous comme l’attestent les disques enregistrés en compagnie d’invités de grande classe (Benny Carter, Spike Robinson, Phil Woods, Guy Lafitte et Clark Terry).
Ce « New Saxomania » prolonge cette expérience en proposant un format orchestral inédit : un soprano, deux ténors, un alto, un baryton et une section rythmique (contrebasse, guitare, batterie). Le soprano, à la sonorité tranchante, assure le rôle de leader d’une trompette, le baryton renforçant l’assise des graves.
Le répertoire propose quatre compositions d’Horace Silver que le contrebassiste Chuck Israels avait arrangées pour son octette, quatre morceaux d’Oliver Nelson et un nombre égal de standards dont les arrangements étaient disponibles. Claude TISSENDIER a adapté avec une science consommée de l’écriture ces orchestrations d’origines diverses au format de son octette. En proposant des associations sonores et des alliages de timbres inédits, ses partitions distillent une unité de ton du plus bel effet.
Les membres de « New Saxomania » forment une équipe soudée et produisent une musique dont ils connaissent toutes les subtilités. Soutenus par le swing libérateur d’une section rythmique de haute volée, ils servent au mieux les intentions du leader en improvisant des solos de belle facture qui apportent à l’ensemble une réelle authenticité. Une rencontre réussie entre écriture et improvisation.
Christian Grimauld